Jacques Fontaine père
(ca 1603-1666)


Jacques Fontaine est né vers 1603 et il a été le dernier enfant de Jacques Fontaine, savetier protestant qui avait alors 50 ans passés. Il l’éleva fort délicatement, car il était le seul fils de la maison. Très tôt il marqua un goût prononcé pour la lecture et fut « d’un génie extraordinairement capable pour les études, il ne put point s’assujettir à aucun métier ». Il fut confié à un ami de la famille, M. Merlin, ministre de La Rochelle qui fit en sorte qu’il reçoive une excellente éducation et instruction qu’il acquit en très peu de temps. « Son inclination le tourna du côté de la piété et il se dédia au saint ministère, malgré les dangers prévisibles » déjà à cette époque. Pour entrer au collège de Saumur, il lui fut proposé une place de précepteur au service de la comtesse de Royan. Puis il fut jugé capable d’entrer à l’Académie de Saumur en vue du saint ministère.

La comtesse se rendant à Londres, il la suivit, ce qui lui donna l’occasion d’apprendre plusieurs langues vivantes. Et là, Jacques devint amoureux d’une très belle fille de bonne famille qui le lui rendait bien. Ils passèrent ensemble des promesses de mariage, car Jacques s’en retourna en France avec son jeune Seigneur.

Il fut alors appelé par le synode de Saintonge et Angoumois et fut établi pasteur des églises de Vaux-sur-mer et Royan.

En 1628, à 25 ans, il demanda son congé pour aller à Londres chercher et épouser celle qui l’attendait. Ils s’établirent à Vaux et vécurent douze ans ensemble et eurent plusieurs enfants dont Jane, Judith, Jacques, Élisabeth et Pierre qui fut pasteur.

Autour de 1641, après un an de veuvage, il se remaria avec Marie Chaillou, une belle brune de 25 ans dont le père, bon et riche bourgeois de Pons, donna quatre mille francs de dot. L’aîné des frères de Marie passa en Hollande où il finit ses études de théologie. Puis ministre hollandais il fut envoyé aux îles Tabago… où il finit sa vie sans se marier.

Marie et Jacques vécurent ensemble 25 ans et eurent plusieurs enfants dont : Pierre, Jacques, Suzanne, Marie et Anne.

Malgré un appel de l’église de La Rochelle, avec des émoluments doubles, il resta fidèle à celles de Vaux et Royan, prêchant dans l’une le matin et le soir dans l’autre. Lorsque le temple de Royan fut condamné à la destruction par arrêt du Conseil royal, il prêcha sur les ruines. Ce qui lui valut la colère du gouverneur de Brouage qui le convoqua et après avoir entendu ses réponses dites fort civilement, se radoucit. Le pasteur Jacques Fontaine dût céder, mais fut pardonné.

Lorsque le Conseil interdit aux pasteurs de porter la robe hors de leurs temples, il n’en tint pas compte et fut obligé de comparaître devant le gouverneur en compagnie de quelques anciens. Il harangua alors le gouverneur et son épouse qui fut charmée par son noble, respectable et humble discours. Elle obtint qu’il finit ses jours avec cet habit auquel il faisait tant honneur.

Ces petits commencements de persécutions l’amenèrent à préparer ses auditeurs à supporter avec constance les épreuves futures et à les armer de la connaissance de la vérité et de son prix. Il se donna tout entier à son ministère, ce qui lui apporta beaucoup de respect parmi le peuple. Dans tous les synodes, c’était lui ordinairement qu’on envoyait prêcher dans les lieux où il y avait de la dissension entre les ministres et les anciens et le troupeau. Il ne manquait jamais de les ramener à leur devoir, tirant toujours mille larmes des yeux et du cœur de ses auditeurs.

Il augmentait sans cesse son savoir par ses lectures et ses méditations et en rendait compte avec beaucoup de naturel.

Sa seule récréation était son jardin dont son épouse s’occupait avec les domestiques, pour fournir les légumes dont il se nourrissait, car il mangeait peu de viande.

 

En 1666, il fut saisi d’apoplexie dans son jardin de Vaux et mourut deux jours après, sans avoir pu parler.

 

Bibliographie : FONTAINE, Jacques.- Mémoires d’une famille huguenote victime de la révocation de l’Édit de Nantes.- Montpellier : Presses du Languedoc, 1992.- 269 p. ; 24 cm.- 2-84062-005-7.- Notes de Bernard Cottret.

Notice rédigée par Robert Martel, pasteur.

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