Armand de Kerpezdron


GENTILHOMME BRETON
(1772 - 1854)
Missionnaire Méthodiste, parmi les prisonniers français sur les pontons anglais,
premier Pasteur de l’Eglise Réformée de Mer (Loir-et-Cher)
——————————-
Rédigé par André de Kerpezdron, Président du Conseil Presbytéral
de l’Eglise Réformée de France, paroisse de St-Brieuc et Côtes d’Armor.
(Archives familiales)

 

            Armand-Bertrand-Marie de Kerpezdron naquit le 27 janvier 1772 à Josselin dans le Morbihan.

            Il appartenait à la plus ancienne noblesse d’armes de Bretagne . En 1426 et 1440, les états de cette province avaient déclaré la famille de Kerpezdron de bonne noblesse et d’ancienne lignée. Certains de ses membres ont participé à la dernière croisade de 1270. Ils avaient et ont toujours aujourd'hui pour arme “ d’argent à trois molettes d’éperons, à 6 pointes de sable, 2 en chef et 1 en pointe avec 1 croissant d’azur en face”, selon le code héraldique.

            Son père avait pour prénoms, Louis-Anne-Marie, et sa mère se nommait Anne du Marquet. Son père était lieutenant de frégate dans la marine royale et mourut en 1780 d’une fièvre qu’il avait rapporté des Indes. Son frère aîné, Thomas était capitaine dans le régiment du Royal-Auvergne et ne survécut pas longtemps à la révolution, qui ruina sa famille.

            Armand fut confié dès l’âge de trois ans, à un curé des environs de Josselin; à sept ans, il fut envoyé comme élève du roi, au collège de Pontlevoy dans le Loir-et-Cher dirigé par des bénédictins. Qui se serait douté qu’il deviendrait plus tard Pasteur protestant dans ce même département . Il resta dans ce collège jusqu'à l’âge de 15 ans et y fit de rapides progrès dans les langues latines et allemandes ainsi que dans les mathématiques; mais il refusa d’apprendre à danser, en disant que c’était bon pour les singes.

            Destiné à devenir officier du génie, il fut envoyé, en 1787 au collège royal de Pont-à-Mousson, en Lorraine. Ce fut là que la révolution de 1789 le trouva et vint bouleverser les plans dessinés pour son avenir. Sa mère fervente royaliste lui demanda de rentrer chez lui pour éviter de servir le nouvel ordre des choses et de se préparer à émigrer avec toute la noblesse bretonne.

Il quitta la France au mois d’Août 1791, d’où il allait être absent pendant près de vingt cinq ans . Il se rendit de Saint Malo à Jersey ; de là à Ostende, Bruxelles et Oudenarde où il entra dans un corps d’émigrés bretons, sous les ordres du Marquis de la Moussaye. Il rejoignit avec ce corps les armées du Prince de Condé à Coblentz ; mais il la quitta bientôt, dégouté disait-il par le désordre qui régnait dans cette armée, où tout le monde voulait commander et ou personne ne voulait obéir.

            Dès lors, il mena une existence pleine d’aventures et de misères . Il traversa des contrées dévastées par la guerre, où tout avait été saccagé, pillé et brûlé et où il faillit mourir de faim. Un jour, exténué par les privations, il s’assit au bord d’une route en attendant que la mort vint le délivrer des ses souffrances. Dévoré par la soif, il n’avait pour se soulager que l’eau croupie d’une mare, dont il humectait son gosier, après l’avoir filtrée à travers son mouchoir. Un cavalier vint à passer, en qui il reconnu un camarade d’ émigration, qui lui demanda ce qu’il faisait là “ j’attends la mort “ lui répondit de Kerpezdron, son ami qui était pourvu de provisions, mit pied à terre, lui donna à boire et à manger, puis, comme le bon samaritain, il le plaça sur sa monture et le conduisit dans une auberge, où il put prendre du repos et se refaire. Mais il ne tarda pas à retomber en pleine détresse, ayant épuisé l’argent que sa mère l’avait muni à son départ.

            Il dut alors faire tous les métiers jusqu'à celui de fendeur de bois, il donnait aussi des leçons de Français quand il en trouvait l’occasion. Ce fut alors pour la première fois, il entra en contact avec des Protestants pieux. Il était dans le comté de Marck , en Prusse. Il fut reçu par un protestant nommé Holthaus, qui le mit en rapport avec son Pasteur, Mr Francke “ cet homme vraiment selon le coeur de DIEU “ raconte- t-il “ a beaucoup contribué à me faire aimer une religion que la conduite des prêtres m’avait rendu odieuse, heureux si j’avais toujours suivi ses conseils ”.

            C’est le début d’une grandiose histoire, en 1794 il traversa la Hollande et échappa à un péril d’un autre genre; la compagnie des Indes hollandaise faisait des enrôlements pour Batavia dont le climat meurtrier faisait des ravages chez les européens. L'hôtelier de la misérable auberge où de Kerpezdron était descendu, désireux d’empocher la prime offerte par la compagnie, tenta de le livrer aux racoleurs ; mais sa connaissance de l’allemand lui permit de comprendre ce qui se tramait contre lui en hollandais; il s’échappa pendant la nuit et dès le matin il s’engagea dans l’armée de Stathouder dans la compagnie du major Van Dahlen, homme pieux qui, au bout de trois mois, lui procura le moyen de passer en Angleterre. Puis l’île de Jersey où il fonda avec quelques notables “ l’école nationale de Jersey ”. C’est aussi au milieu d’humbles et utiles travaux qu'Armand de Kerpezdron se convertit et entendit l’appel qui allait modifier sa vie. Cet appel venait des pontons de la Medway où des prisonniers français croupissaient dans le fond des cales de grands et anciens navires désarmés, il y prêchait et réconfortait les prisonniers.

            Son existence se termina en 1854 à Mer dans le Loir-et-Cher, département qu’il évangélisait depuis 1822 dans un combat permanent. A cheval sur les XVIII° et XIX° siècles, sa vie, digne des meilleures aventures épiques est aujourd’hui en Bretagne dans les Côtes d’Armor, par la branche protestante réformée de la famille de Kerpezdron.

Les pontons anglais de la Medway
(croquis d'après un dessin de F-P Weasle, prisonnier de guerre)

retour à la page biographies de pasteurs

retour à la page célébrités de Bretagne

retour à la page d'accueil Pasteurs