Jacques, Pierre, Auguste MARTIN

(1906-2001)


Quelques éléments de vie avec photos

Origine Cévenole

Né à Sainte - Colombe (69), 24/6/1906
Décédé à Die le 23 Juillet 2001

Épouse le 23 Janvier 1934 à Alès Jacqueline, Clotilde, Marie Louise ÉLIÉ, (27/05/1907 - 30/09/1996)

6 enfants : André (1934-1934) - Violaine (1937) - Daniel (1937) - Amy-Christiane (1939-1945) - Jean-Marc (1941) - Ariane (1950)

 

- Études: secondaires, Lycée d'Uzès et d'Alès

            - Renvoi aux autorités militaires des papiers militaires et annonce clairement ne plus vouloir répondre aux injonctions de périodes de réserves (2/12/1930) le 31 décembre 1930 avec une lettre au Ministre de la guerre

 

 

Fédération chrétienne des Étudiant

 « Fédé » : membre de la "Fédé"ration chrétienne des étudiants (d’abord lycéenne à Alès, ensuite étudiante à Paris)

- 1921 - Congrès de Strasbourg

           - Camps fédératifs du Midi

           - Influence des étudiants chrétiens morts à la guerre (Lettres publiées par la "Fédé", Chavey, Ch. Fays, etc.....)

- 1926 - Camp International de Jeunesse de la Réconciliation (Vaumarcus - Suisse), sujet: Saint François d'Assise (pauvreté et non violence)

           Il est responsable à Paris de la publication des Cahiers de la Réconciliation (modeste feuille d'information reprise et développée en novembre 1927 par Henri Roser) ; le premier numéro est intitulé "Cahiers du Semeur" (un numéro existant encore à la maison, en date de février 1927)

- 1931-1932 - secrétaire parisien de la Fédé dirige le camp de La Chalp (été 1932), interrompu parce que décidé à refuser une période militaire obligatoire il est cueilli en plein camp de Fédé en août 1932 pour être ramener à Paris et incarcéré au Cherche Midi (prison militaire)

 

 

Objection de conscience:

- 1932 - arrêté et condamné par le tribunal militaire de Paris (procès seulement le 12 Octobre 1932), 1 an de prison (période de préventive non prise en compte !). Grand retentissement dans la presse française (12 Octobre 1932, Mittwoch, Alsace : sensatiosprozetz : Theologiestedent verweigert militätdienst") et manifestations de soutien ! (carte signée de tous les congressistes à Strasbourg lors du XXIV Congrès de la Fédération française des Associations d'Étudiants, 20 Février 1933 ; émouvante est la carte envoyée le 10 novembre 32 par plusieurs amis mais surtout contresignée "Les postiers de Paris 29 également" suivent plusieurs signatures ; et aussi cette enveloppe d'un pneumatique envoyé par Jacqueline ÉLIÉ-MARTIN avec annotations "Félicitations admiratives !!..... Groupe d'employés du Bureau de Poste de P.91, rue Cujas" le 11 avril 1933).

- 1932-1933 - prison du Cherche Midi à Paris

- Avril 1933 - Libération conditionnelle sous la pression de la Ligue des Droits de l'Homme, intervention de Victor Bach (cf. les articles de Guéhéno dans Europe, de Mounier dans Esprit ainsi que dans Le Semeur (revue de la Fédé) ; réaction d’ Élie Gounelle dans Revue du Christianisme Social), compte rendu des Cahiers de la Réconciliation, n° de novembre 1932 : Procès de Jacques Martin, Paris 11 octobre 1932.

- 23 janvier 1934 Mariage à Alès avec Jacqueline ÉLIÉ.

- Cependant en été 1934 (pendant un camp de la "Fédé" également) : nouveau refus et nouvelle arrestation (même motif) amené d’abord à Paris, Cherche Midi puis transféré à Marseille (Fort Saint Nicolas) : ils attendaient leur premier enfant.

- 1935-1936 - nouvelle condamnation (Procès de février 1935) à 1 an de prison plus le reliquat non encore purgé soit 18 mois (Les prétoires de préventive ne comptent pas! malgré cela a pu obtenir une permission en décembre 1934 au moment de la naissance du premier enfant André (non inscrit sur le livret de famille qui né prématurément n'a vécu que trois-quatre jours) - Nouveau Cahiers de la Réconciliation : IIème Procès de Jacques Martin.

- Avril 1936 - libération définitive (ne termine pas complètement sa peine pour raisons importante de santé ; serai ultérieurement réformé, seulement pendant la guerre de 40-45).

            Dans les deux cas la défense est assurée par André Philip (qui avait fait intervenir la première fois la Ligue des Droits de l'Homme et est resté un ami sincère par la suite).

 

 

Réactions de Églises:

            C'est la période des pourparlers pour l'unité des deux Églises (réformée et réformée - évangélique). Il faut donc être prudent. Le débat sur l'objection de conscience est engagé. Une consultation théologique est amorcée, sans résultat. Les discussions se poursuivent sur le problème de l'objection de conscience et la responsabilité du chrétien dans la guerre comme l'attitude des Églises (cf. Élie Gounelle, qui a perdu un fils en 1914 et fut aumônier militaire pour le remplacer, insiste sur la notion de solidarité mais a toujours soutenu les objecteurs, cf. Revue et L'Avant-Garde). Nous sommes en pleine période de la conférence du désarmement et de l'avènement d'Hitler en Allemagne --- Débats sur le sens du pacifisme (cf. La Cause: "Les vrais amis de la paix").

           De plus, pas question d'entrer dans l'Église (point de vue professionnel). Par contre d'autres Églises protestantes, méthodistes ou "libres" avaient choisi comme pasteur un objecteur de conscience (Philippe Vernier quand il sortira de prison), à l'étranger aussi certaines propositions furent faites, entre autre Canada, de venir chez elles ; mais voulant que le témoignage persiste il n'était pas question de partir loin (de plus les frontières lui avaient été fermées sur ordre des autorités !).

- 1938 - une demande de consécration pastorale faite simultanément par Henri Roser et moi-même est rejetée par le Synode de Royan, qui nous accorde seulement une délégation pastorale pour un travail d'évangélisation libre à Aubervilliers (délégation valable pour un an et renouvelable, en fait délégation tacitement à vie)

             - Par nécessité économique quitte la région parisienne pour le Midi

 

 

Période de la guerre 1939 - 1945 et Résistance:

- 1939 - bénéfice d'un ajournement de 6 mois au cours duquel survient la débâcle (grâce au médecin militaire tout à fait compréhensif et qu'il avait connu plus jeune, sinon comme on était en période de guerre c'était la cour martiale) suivie d'une réforme définitive pour raisons de santé

- La résistance s'amorce: - action clandestine de secours pour les Juifs et les Recherchés dès 1939 (carte d’identité et logement).

- contacts et actions après des internés avec la C.I.M.A.D.E. (Comité Inter Mouvement Auprès Des Évacues) à Nîmes) ; dès 1938 à Ganges intéressé par le sort des émigrés espagnols eux aussi interné dans ces mêmes camps qui serviront par la suite pour les Juifs et "recherchés".

            - entraide pour ceux qui fuient le S.T.O.

- Avec Élie Gounelle organise 2 pastorales dès octobre 1940 (lois antisémites de Pétain) et puis novembre 1942 (rafle de 1942 partout en France) sur la question de l'Antisémitisme

- Rencontre de la Fédé à Pomeyrol (1940 et 1942)

- Création du Maquis d'Ardaillès (Cévennes) (d'abord pour recueillir les personnes poursuivies, les aider et les disperser dans des refuges dès 1940 ensuite deviendra maquis armé).

- 1944 - Juin, arrestation par la milice et emprisonnement à Montpellier à la Caserne de Lawe (dénoncé par la voisine directe au 24 rue Biron à Ganges)

           - libération par une tractations avec le maquis de l'Aigoual (échange contre des moutons). Participation aux différents événement de la libération finale (missions et discussions, en charge des prisonniers allemands de la région…….)

           - C'est également en 1944 que se retrouvent à Perdyer dans la Drôme ceux qui comme la famille et celle de Laurent Olivès avaient besoin de prendre le large : André Trocmé accompagné de Jacquot (Jacques Trocmé) logés tous deux chez ma cousine germaine, Mme Éva Deloche, Madeleine Barot, Mireille Philip et Édouard Theis. D'autres personnes sont passées aussi à Perdyer en transit (il y avait en autre au moment de la perquisition allemande en juillet, après la répression de Vassieux en Vercors, une jeune fille juive tchèque).

- 1945 - retour à la vie courante.

- Novembre 1945 : décoration de la Croix de Guerre avec Étoile d’Argent pour faits de résistance à Ganges par le Général Zeller à Montpellier (celui-là même qui participa au putsch d’Alger quelques années plus tard)

 

 

Christianisme Social

           Rapports avec le Christianisme Social : abonné à la Revue dès 1925 --- Congrès du Christianisme Social à Bergerac avec la constitution des Jeunesses Chrétiennes Sociale en 1926

-         1938 à Ganges, contacts étroits avec Élie Gounelle définitivement retiré dans son pays d'origine. Cette connaissance admirative se transforme en une amitié reconnaissante et profonde, et une participation à la vie renaissante de la Revue du Christianisme Social dès la fin de la guerre.

           Dès 1938 écrit dans la revue du Christianisme social : "Compte-rendu de l'ouvrage de James Parkes : The Jew and his neigbour. A study of the causes of Antisemitism" ; ensuite en 1939, "L'antisémitisme païen et chrétien"

- 1945 - Petite rencontre à Paris au Musée Social pour préparer la reprise du Mouvement et de la Revue avec Élie Gounelle (Jacques Martin : compte - rendu du Congrès de Novembre 1945", La Revue du Christianisme Social 1946). Directeur de la Revue encore à Ganges.

- 1947 - Transport à Paris de la Revue et du secrétariat du Mouvement qui est relancé et organisé. Il faut entreprendre la clarification des problèmes posés notamment celui de l'Antisémitisme (Gounelle lui-même y pousse)

           - Participe à la rédaction de la charte de Seelisberg avec Jules Isaac

 

- 1948 - Participe à la création de l'Amitié Judéo-chrétienne (Amsterdam), (premier bureau : Henri-Irénée Marrou président, Jacques Martin vice-président et rédacteur du Bulletin de l'A.J.C.)

 

           - Rencontre de Fribourg et lancement de l'Amitié dans les salons d'Edmond Fleg

           - Amitiés nouées avec Jules Isaac dont un article dans la Revue du Christianisme Social ("Bases de l'Antisémitisme chrétien" en 1948, suivi en 1949 de "Problèmes judéo - chrétien") soulève quelque émotion en ébranlant certaines notions théologiques.

- « À cette époque, les problèmes ont profondément changé. Dans l'Église, Henri Roser qui avait reçu charge de paroisse est consacré avant la guerre ; moi - même suis invité à en faire la demande (1947), mais engagé dans une autre direction, je ne le fais pas voulant tenter une expérience de laïc engagé ».

- 1950-1966 - Librairie (Le Chambon et Lyon, juillet 1949 - juillet 1956 : Librairie Protestante, 1956-1966) en même temps qu'engagé comme équipier de la C.I.M.A.D.E. (1950-1954) pour les personnes déplacées (installation de familles allemandes paysannes encore internées dans les fermes de la Drôme), et professeur de latin au Collège Cévenol.

 

           - Renoue avec l'A.J.C. à Lyon (secrétaire du groupe de Lyon), groupe dont le président est Maître Rodet jusqu'en 1963.

 

-        1966 - Reçoit Martin Luther King à Lyon (29 Mars 1966).

 

- 1965-1966 - Besoin de renouer la gerbe : Engagement dans l'Église Nationale de Genève. Le statut de pasteur consacré est nécessaire.

- 9 janvier 1966 – «La consécration pastorale sur ma demande m'est accordée par l'Église de France (à 60 ans! mais a failli ne pas se faire car argument : trop âgé !) »

           L'Église de Genève me confie la charge de la création d'une paroisse dans un grand ensemble aux abords de Genève : Centre Communautaire Protestant du Lignon.

 

- 1973 - Retraite - rentre en France en juillet 1973

- 1973-1977 - Paroisse de remplacement à Mens puis retraite définitive dans le Diois où je reste actif du point de vue pastoral (avec Vernier nous assurons les remplacements de vacances de pasteurs, catéchisme dans la région)

- 1998 - Titre de "Juste parmi les nations" décerné par Yad Vashem ainsi qu'à Jacqueline Martin-Élié (à titre posthume)

- NB: Je garde de cette période le souvenir béni de deux grandes amitiés avec Élie Gounelle et Jules Isaac sur le problèmes de l'heure

           Je n'ai pas "décidé" d'être objecteur, mais y ai été amené. Une action souterraine profonde dans la période de la première après-guerre m'avait amené à m'interroger sur la participation à la guerre et l'attitude de l'Église dans le grand débat --- Ne fallait-il pas s'y engager?

           Le débat sur le désarmement en a offert l'occasion --- non par "pacifisme" mais par fidélité de l'Église à l'Évangile.

 

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