Le pasteur Amos Benjamin Viennay : portrait

Amos Benjamin Vienney (1873-1952)

Amos Benjamin VIENNEY est né le 2 juin 1873 au 17 rue des Petits-Hôtels, dans le 10e arrondissement de Paris. A sa naissance, ses parents occupent la loge de concierge de la Chapelle du Nord (aujourd’hui Église Réformée de La Rencontre).

Son père, Jean-Baptiste VIENNEY, a 50 ans, et sa mère, Gabrielle BASTIEN, en a 43. Tout deux sont originaires de la Haute-Saône. Jean-Baptiste était venu s'établir à Paris vers 1847. Il avait fait un premier mariage, dont il lui reste une fille, Élisabeth, qui a 22 ans et qui est mariée. Après son veuvage, il est retourné pour un temps dans son pays natal. C'est là qu'il se convertit au protestantisme, sans doute lors d'une mission d'évangélisation. Il épouse en 1868 la veuve d'un de ses cousins, elle aussi récemment convertie. C'est donc dans ce milieu de "nouveaux convertis" que va grandir Amos. Son père lui apprend à lire dans la Bible et lorsque petit garçon, il fait une bêtise, il le punit en lui donnant à copier ou à apprendre par cœur des chapitres entier du prophète Jérémie !

Amos commence sa scolarité à l'école primaire protestante de la rue des Poissonniers, à Paris, avant qu'elle ne soit laïcisée en 1880 ou 1881. Plus tard, la famille s’établit à Montreuil. Ses parents, qui sont de condition modeste - son père est cordonnier - ne peuvent lui offrir des études. Amos fait donc un apprentissage d’employé de banque au Crédit Lyonnais. A cette époque, il fréquente le foyer U.C.J.G de la rue de Trévise où il rencontre E. Bonifas qui l’initie au latin.

Il a juste 20 ans lorsqu'il perd sa mère, en 1893, puis son père deux ans plus tard. C'est durant son service militaire qu'il décide de changer d'orientation. Il entre à l’École préparatoire de théologie des Batignolles où il passe son bac (lettres et philosophie) puis entame des études de théologie, d'abord à Paris, puis à Montauban où il obtient le grade de bachelier en théologie en 1899, après avoir fait sa thèse sur le prophète Amos.

Il est consacré au saint ministère le 6 août 1899, au Mas d'Azil (Ariège) où il a effectué un stage auprès du pasteur Guy CHABERT. Ce jour-là, il commence son sermon en rendant hommage à ses parents : "Si je suis ce que je suis, je le dois beaucoup à mes chers parents, à leur piété, aux prières de ma mère, à la foi de mon père. En entrant dans la voie du ministère, j'ai rempli leur vœu le plus cher et embelli leurs dernières années. Que Dieu me donne leur foi vigoureuse et qu'il me donne de leur ressembler par ma vie".

C'est pendant son stage au Mas d'Azil qu'il rencontre sa future femme, Élisabeth CHABERT, la sœur du pasteur. Élisabeth, qui est née à Alger le 12 janvier 1877, venait chaque année passer l'été chez son frère en compagnie de sa mère. Ils se marient le 10 août 1899, là-même où Amos a été consacré quelques jours plus tôt. De cette union naîtront quatre enfants : Louis (1900), Paul (1902) Gabrielle (1906) et André (1919).

Amos trouve un premier poste à Alboussière (Ardèche) où il exerce son ministère de 1899 à 1906. La loi de séparation de l'Église et de l'État votée en 1905, l'oblige à changer de poste. Il trouve un nouveau poste au Carla-Bayle (Ariège). Il n'y restera que trois ans, de 1906 à 1909. Élisabeth, sa femme, a la nostalgie de son Algérie natale. Amos saisit la première occasion qui se présente et la famille s'en va à Blida (Algérie) où Amos sera pasteur de 1909 à 1923. Selon une répartition liée au statut spécial des Églises d’Algérie, la paroisse de Blida, où les Alsaciens sont nombreux, dépendait à la fois de l’Église Réformée et de l’Église Luthérienne. Cela tombait bien, parce que Amos a toujours travaillé pour une Église unie.

En 1914, Amos est mobilisé : D'abord infirmier de nuit à l'hôpital de Blida, il est envoyé par la suite dans les troupes sanitaires à la frontière marocaine. Ce n'est qu'en 1917 qu'il est libéré et qu'il peut rejoindre sa paroisse.

Depuis toujours, Amos s'intéresse à l'histoire du protestantisme et entreprend des recherches historiques. En Algérie, il exerce la fonction de rédacteur en chef du "Courrier du dimanche", le journal des Églises protestantes d'Algérie, dans lequel il écrit de nombreux articles sur l'histoire des Églises chrétiennes, le protestantisme pendant la Révolution, la Révocation de l'Édit de Nantes et ses conséquences, etc. . . Il développera un réel talent d'historien et publiera plusieurs petits livres sur des personnalités protestantes.

En 1923, il répond favorablement à un appel de la paroisse luthérienne du Bon-Secours (Paris 11e) et demande son entrée dans l’Église Luthérienne de France, dans laquelle il restera jusqu’à la fin de sa vie. En août 1942, pour échapper aux menaces de l’occupant allemand à la recherche de son fils Paul, avocat du parti communiste, il doit quitter Paris et la zone occupée. C’est à Nice qu’il trouve refuge et qu’il exercera ses dernières années de ministère, jusqu’en octobre 1946.

Frappé d’attaques cérébrales successives, il s’éteint le 27 janvier 1952 à la clinique luthérienne "La Montagne" à Courbevoie (Hauts-de-Seine). La chronique nécrologique du Journal de Bon-Secours rapporte à son sujet : "Il excellait dans les visites pastorales, leur consacrant une grande partie de son temps, s'intéressant à tous, connaissant chacun. D'aucuns se souviennent de ses talents d'orateur, de la haute portée de ses sermons, du fin lettré dont l'attitude paternelle ne dissimulait pas la vive intelligence." Tous ceux qui l’ont connu ont été frappés par son regard clair et joyeux, par la bonté et la paix sereine qui émanait de lui. En particulier dans les derniers mois de sa vie, alors que, paralysé et entièrement dépendant de son entourage, ne pouvant même plus parler, ses yeux et son sourire disaient tant de choses et d’amour...

 

Publications :

Françoise Favre-Martel
petite-fille d'Amos-Benjamin Vienney


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