Jacques Fontaine fils
(1658-1728)


Le 7 avril 1658, Marie Chaillou, seconde épouse de Jacques Fontaine, met au monde son quatrième enfant. Un garçon qu’on prénommera Jacques qui est baptisé au temple de Vaux-sur-mer, commune mitoyenne de Royan en Saintonge, par le pasteur Jacques Fontaine, son père. Ce nouveau né deviendra à son tour pasteur et sera victime de la révocation de l’Édit de Nantes.

Il ne faut donc, le confondre ni avec son grand-père (1550 ? – 1633 ?), ni avec son père (1603 ? – 1666), ni avec son demi frère Jacques (plus âgé que lui), ni avec son fils, né en Angleterre aux lendemains de la révocation.

En 1666, à 8 ans, il est à La Rochelle chez son cousin Jean Arnaud afin d’apprendre à lire, à écrire et à compter, quand il apprend la mort de son père... Pour continuer ces études il ira chez plusieurs de ses beaux-frères (près de Jarnac, aux environ de Saintes). Il peine à apprendre et s’intéresse plus à la marchandise c’est à dire au commerce qu’au ministère pastoral.

De 1675 à 1678, il trouve enfin un maître en M. de la Bussière qui habite Marennes. Ce laïc, « bon poète » et «  bon médecin », ivrogne à ses heures, et d’une malpropreté repoussante se révèle un remarquable pédagogue.

En novembre 1678, Jacques Fontaine est envoyé au collège de Guyenne à Bordeaux et le 22 août 1680, à 22 ans, il est maître es arts. Sa mère disparaît au même moment.

En 1681 et 1682, il étudie à Saint-Mesme[1], la théologie chez le pasteur Forestier, son beau-frère. Il y prononce ses premières prédications.

En 1682, le temple de Saint-Mesme est rasé, Jacques porte alors une cargaison de vin en Bretagne.

En 1683-1684, il préside des cultes clandestins dans sa maison familiale de Jenouillé (Commune de Royan). Il est arrêté en avril 1684 et incarcéré à Saintes ; en août, le parlement de Bordeaux casse le jugement et lui rend sa liberté. Il se rend aux assemblées secrètes… quand le 18 octobre 1685, la révocation de l’Édit de Nantes est signée.

Il choisit alors de sortir du Royaume et s’embarque à La Tremblade le 29 novembre et arrive en Angleterre dans le Devon, le 11 décembre.

Le 8 février 1686, il contracte un mariage d’amour avec Anne-Élisabeth Boursiquot qui, le 10 octobre 1686, lui donne un fils (prématuré semble-t-il) qui est prénommé Jacques.

Il perd beaucoup d’argent dans le naufrage d’un navire qu’il a affrété ; sa femme tient boutique ; il dirige une école, puis ouvre une manufacture de tissage. Toutes ses activités ne le détournent pas de sa vocation pastorale et, le 10 juin 1988, il reçoit la consécration pastorale au synode presbytérien de Taunton. Mais il se brouille avec le comité qui pousse les réfugiés vers l’anglicanisme.

En mars 1689, Jacques Fontaine vend sa boutique et sa manufacture en raison de la montée de la xénophobie à Taunton. Il se lance dans la création d’une étoffe lustrée qui a du succès, jusqu’à ce qu’on découvre son secret. Il décide alors de passer en Irlande avec sa femme et ses enfants en 1693.

Il devient pasteur de l’église française de Cork et ouvre une manufacture de drap, car, comme l’apôtre Paul, il refuse un salaire et l’ordination anglicane. En 1699, on le retrouve à Bearhaven, où il ouvre une pêcherie. Il parle peu de son ministère pastoral qu’il ne veut pas voir comme un métier.

Le 1er juin 1704, il est confronté à la première attaque des corsaires malouins catholiques appuyés par les Irlandais qui s’acharneront à détruire sa pêcherie. Il y en aura d’autres et son courage sera récompensé le 12 octobre 1705 par la reine Anne qui lui alloue une pension de 5 shillings par jour.

Le 8 octobre 1708, au cours d’une nouvelle attaque des malouins, il doit se rendre, mais voit emmené en otage « contre la loi des gens » son fils Pierre qui sera libéré sous les pressions internationales.

En 1709, il achète une maison à Dublin afin d’y ouvrir une école et se fait allouer une indemnité par les papistes de Cork pour sa pêcherie ruinée.

Le 29 janvier 1721, Jacques Fontaine perd son épouse Anne-Élisabeth qui est enterrée dans le cimetière huguenot de Dublin. Quant à lui, sa santé se dégrade, mais il parvient à terminer le 8 mai 1722, une deuxième copie de son autobiographie destinée à ses enfants. Sur la page de titre de laquelle, il a pris soin de transcrire les sept premiers versets du psaume 78 afin de justifier son récit.

Il meurt en 1728, à Londres, âgé de 70 ans.

Psaume 78. Inclinez vos oreilles aux paroles de ma bouche. Je parlerai des choses notables d’autrefois. Lesquelles nous avons ouïes et connues, et que vos pères ont racontées. Nous ne les cèlerons point à leurs enfants. Et ils raconteront à la génération à venir les louanges de l’Éternel et sa force et les merveilles qu’il a faites. Car il a établit son témoignage en Jacob, et il a mis sa loi en Israël : il a donné charge à nos pères de les faire entendre à leurs enfants, afin que la génération à venir, les enfants qui naîtront, les connussent et qu’ils se missent en devoir de les raconter à leurs enfants, et afin qu’ils missent leur confiance en Dieu et qu’ils n’oubliassent point les exploits du Dieu fort, et qu’ils gardassent ses commandements.

Notice rédigée par Robert Martel, pasteur.



[1] Aujourd’hui, Sainte Même-les-Carrières (16720) entre Cognac et Châteauneuf-sur-Charente

 

Bibliographie : FONTAINE, Jacques.- Mémoires d’une famille huguenote victime de la révocation de l’Édit de Nantes.- Montpellier : Presses du Languedoc, 1992.- 269 p. ; 24 cm.- 2-84062-005-7.- Notes de Bernard Cottret.

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